En direct du Diocèse
Entretien de Mgr Eric de Moulins Beaufort au journal La Croix
Dans un entretien accordé à La Croix le lundi 11 mars 2024, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, revient sur le projet de loi sur la fin de vie.
Ouverture du Ramadan : message de fraternité à la communauté musulmane
Nos frères musulmans viennent d’entrer en ce jour dans la période du Ramadan. Mgr Norbert Turini, président du Conseil pour les relations interreligieuses à la Conférence des évêques de France ; P. Lucas Lambert, délégué diocésain aux relations interreligieuses ; et l’ensemble des fidèles du diocèse de Montpellier en union de prière au coeur du Carême, souhaitent tout particulièrement leur transmettre un message de fraternité au travers de la voix du Service National pour les Relations avec les musulmans : Message du SNRM aux Musulmans, pour le Ramadan 1445 H. / 2024 A.D.
Visite pastorale Pic Saint Loup – Portes des Cévennes
Depuis Villa Maguelone, bien desservi par le tram et agréablement joignable par voie cyclable, l’on pourrait croire le diocèse de Montpellier niché dans son pôle urbain. Cependant son diocèse rayonne bien au delà des murs médiévaux de l’Écusson et le secteur du Pic Saint Loup – Portes des Cévennes ne tarit pas d’éloges sur la vocation agricole de notre territoire. Dans l’actualité du Salon de l’Agriculture et de la crise agricole qui a interpellé le pays (cf. Déclaration des Évêques de la Province de Montpellier sur la crise agricole 2024), Monseigneur Norbert Turini est allé au devant de ce secteur marqué par les questions sur la gestion de l’eau, la pérénité du secteur viticole et l’évolution des espaces naturels au nord de Montpellier.
Alain Vidal, paroissien actif à Notre-Dame d’Aleyrac et ingénieur agronome à AgroParisTech, ne tarit pas d’éloge sur la beauté des paysages de sa région. L’emblématique Pic St Loup trône fièrement sur les contreforts des Cévennes, symbole minéral de tout un bassin qui porte également le nom d’une appellation viticole reconnue. À ses yeux, pour préserver les espèces et réduire les impacts sur l’environnement, la voie de la labelisation pour la biodiversité est à suivre ! Ce poumon vert au nord de Montpellier est un espace à préserver pour la faune et la flore locale.
Ce territoire est aussi un lieu de vie, encore préservé d’une urbanisation galopante grâce à la protection de ses flancs de collines boisées. Nous savons Monseigneur grand amateur de rugby, la visite de l’école de rugby du Pic St Loup était un incontournable. Installé depuis 40 ans à St Clément de Rivières, ce club familial communique depuis 1984 les valeurs sportives du rugby et accompagne les jeunes à prendre confiance en eux à travers le ballon ovale.
C’est sur un tout autre terrain et des équipes tout aussi motivée que Monseigneur Turini poursuit sa rencontre de ce territoire solidaire. Les équipes de l’antenne “Lez et Terre de Vignes” du Secours Catholique – Caritas France donnent le meilleur d’elles-même pour faire vivre la fraternité et créer du lien avec les bénéficiaires de l’association, notamment au travers de programmes d’aide à la scolarité et à la parentalité. Des membres de l’association Radis (acronyme aux consonnances végétales pour Réseau Accueil Demandeurs d’asile Immigrés Solidarité) ont également présenté le fruit de leur travail avec les migrants, à l’image de l’hospitalité et de la fraternité auxquelles notre évêque nous appelle pour une Église de Pentecôte.
La rencontre avec les maires sont bien souvent révélatrices de relations bien souvent plus intimes entre l’écharpe tricole et l’aube qu’on ne pourrait le croire. Dans ces villages à taille humaine où les habitants mettent en avant la qualité de vie, la figure du maire occupe une place prépondérante et garant d’une gestion collégiale de la municipalité. Notre archêveque ne peut s’empêcher de voir le lien qui unit les élus à leurs habitants comme lui même avec les fidèles du diocèse, une relation empathique basée sur l’écoute.
Inscription du droit à l’IVG dans la Constitution
Vote par le Sénat de l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution
Déclaration de la CEF : l’IVG dans la consitution
La Conférence des évêques de France (CEF) apprend avec tristesse le vote par les sénateurs du textede révision constitutionnelle inscrivant dans la Constitution la garantie de la liberté d’accès à l’avortement, ouvrant la voie a Congrès qui se réunira lundi 4 mars prochain.
En pensant à celles et ceux qui envisagent de recourir à l’avortement, notamment aux femmes en situation de détresse, la CEF redit que l’avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. Elle regrette que le débat engagé n’ait pas évoqué les dispositifs d’aide à celles et ceux qui voudraient garder leur enfant.
Alors que sont mises à la lumière les violences nombreuses faites aux femmes et aux enfants, la Constitution de notre pays se serait honorée d’inscrire en son cœur la protection des femmes et des enfants.
La Conférence des évêques sera attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l’engagement.
Le billet cinéma de Chrétiens et Cultures
Paternel
- Réalisateur : Ronan Tronchot
- Distribution : Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Lyes Salem
- Genre : drame
- Nationalité : France
- Durée : 1h32min
- Sortie : 27 mars 2024
La figure sacerdotale susciterait-elle un regain d’intérêt chez les réalisateurs français ? Alors même que le statut social du prêtre a cessé d’être attractif, du moins dans l’Hexagone, et que l’institution ecclésiale reste marquée par le scandale de la pédophilie, cette figure reste disponible et activable dans l’imaginaire collectif. Après le documentaire Sacerdoce, consacré au portrait de cinq prêtres français et le biopic L’abbé Pierre, une vie de combats, tous deux sortis à l’automne 2023, Ronan Tronchot fait un pas de côté avec son premier long-métrage, Paternel.
Simon est curé de paroisse. C’est un prêtre de terrain, les pieds sur terre, en phase avec son temps. Hyper-sollicité et exténué, il se montre toujours disponible et bienveillant. Louise, avec qui il a eu une relation amoureuse, débarque du Canada et lui apprend qu’il est père d’un garçon de 11 ans, Aloé, conçu alors qu’il était séminariste. Elle lui demande de reconnaître cet enfant qu’elle a élevé seule tout en travaillant. Simon se sent piégé. Le dilemme auquel il se confronte est posé d’emblée : poursuivre dans la voie de son ministère ou élever son fils. Or, il refuse de choisir et voudrait mener de front les deux tâches de prêtre et de père. Mais comment concilier la paternité spirituelle d’une communauté et l’éducation d’un enfant ?
Les co-scénaristes ont voulu parler de l’Église catholique. « Le film interroge le statut du prêtre aujourd’hui », explique Ludovic du Clary : « Ronan et moi sommes tous les deux issus de la culture catholique. On a été élevés dans cette religion et on a eu envie d’interroger la figure du prêtre ». Ils connaissent l’institution de l’intérieur et adoptent, dans une narration lisible, un ton juste pour ce tableau parfaitement documenté du quotidien d’un prêtre de paroisse. Amin, le vicaire clairvoyant aux origines algériennes et l’animateur de chants liturgiques qui chante aussi du pop dans un bar de la ville offrent l’exemple de personnages secondaires positifs. Ils côtoient des figures moins avenantes, comme celles de l’évêque du lieu et des prêtres du collège des consulteurs chargés de trancher le cas de Simon. L’ensemble compose le portrait d’une communauté catholique saisie dans sa diversité et ses contradictions.
Autant qu’un film sur les déclinaisons de la paternité, Paternel est un film sur le mûrissement d’un choix. Le sous-titre pourrait en être : Le choix de Simon. Simon, qui ne voit pas de contradiction entre ses deux missions, est contraint au choix. D’autres personnages ont dû faire des choix : Louise, mère célibataire, a fait le choix de garder son enfant. Marion, la lycéenne enceinte, après d’infinis tourments intérieurs, a fait le choix inverse.
L’un des autres thèmes est celui de la vocation. Simon explique que l’origine de sa vocation n’a pas été un coup de foudre mystique, mais le sentiment d’avoir atteint la profondeur et l’équilibre. Pour autant, Paternité n’élude pas la question de la radicalité du ministère sacerdotal chez les catholiques latins. Ce dernier est-il compatible avec la vie de famille ? Plus largement, lorsque l’on consacre son existence à aider son prochain, peut-on aspirer à une vie privée ? C’est aussi une des interrogations de Paternel, qui se concentre sur le cheminement intérieur de Simon. Un dernier axe, autour du rapport vérité/dissimulation, traverse enfin le film. « Mentir ne t’aidera pas », dit Amin à Simon, qu’il encourage constamment à faire la vérité sur sa situation.
Des acteurs bien connus du cinéma français prêtent leur visage aux protagonistes du film : Géraldine Nakache et Grégory Gadebois. Ce dernier montre une nouvelle fois son talent à s’emparer pleinement de l’humanité de ses personnages pour en révéler les fêlures et la vulnérabilité. Poupin et débonnaire, il incarne à merveille Simon en pasteur chaleureux, miséricordieux et tourmenté, au tournant de sa vie. Paternel est un film touchant, attachant et juste. Sur un sujet sensible, il aurait pu être scabreux. Il ne l’est pas. C’est souvent par la voix candide d’Aloé, extérieur à l’univers ecclésial, que sont posées les bonnes questions sur l’institution. Au-delà du thème de la paternité, qu’elle soit spirituelle ou biologique, le film est un plaidoyer en faveur de la transformation profonde d’une Église appelée à entendre les aspirations et les besoins humains fondamentaux.
Anne-Cécile Antoni, Chrétiens et Cultures