Pourquoi l’interdiction absolue de la torture, posée par le droit international, auquel aucun État ne peut déroger, est-elle quotidiennement bafouée ? Comment se fait-il que la torture soit encore largement pratiquée ? Devant l’irrespect massif de la dignité de femmes et d’hommes qui souffrent l’enfer, au fond de prisons oubliées, peut-on faire quelque chose ? Comment l’ACAT s’y prend-elle pour venir en aide aux victimes ? Existe-t-il des liens privilégiés entre la lutte contre la torture et la foi chrétienne ?
Avez-vous, par exemple entendu parler de l’Ouzbékistan ? C’est l’un des États les plus répressifs d’Asie centrale. Des milliers d’opposants et de militants sont derrière les barreaux. Prenons par exemple une femme, Mutabar Tadjibaeva. Elle était présidente du « Club des cœurs ardents », ONG de défense des droits de l’homme. En 2005, elle a été condamnée à huit ans de prison pour avoir protesté contre un des épisodes les plus sanglants de la dictature : le massacre de civils commis dans la ville ouzbèke d’Andijan. Après un procès inéquitable, elle s’est trouvée sans cesse en butte, dans son cachot de Tachkent, aux tortures et aux humiliations. L’ACAT a été une des premières organisations à la soutenir. En trois ans de détention, l’équivalent d’un camion de lettres - qu’elle n’a pas reçues directement - a été envoyé à la prison. Mutabar a été libérée en juin 2008.
Néanmoins le combat œcuménique que l’ACAT entreprend pour la dignité humaine au nom de l’Évangile n’est pas un long fleuve tranquille. La particularité de l’ACAT est en effet d’avoir un pied dans les droits de l’homme et l’autre pied dans l’Évangile. Elle s’appuie d’une part sur la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) dont l’article 5 proclame « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » et, d’autre part, sur le verset 40 du chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Le respect de la dignité de l’homme ne souffre aucune exception. Un chrétien ne peut pas rester indifférent devant la torture de son prochain.
Anne-Cécile Antoni et Maryse Quéré